Alors que la pandémie de Covid-19 continue sa progression exponentielle, un défi de taille s’impose aux décideurs politiques, aux établissements hospitaliers (publics et privés), aux entreprises…et aux citoyens : étant donné que la dégradation de l’environnement due aux déchets plastiques s’observe un peu partout quelles solutions peut-on trouver pour résoudre les problèmes du traitement des déchets contaminés et dangereux tels que les déchets hospitaliers à l’ère de la pandémie ? Walim Mardassi nous en dit plus dans cet entretien qu’il accorde à La Presse.
En plus des moyens de protection à usage unique comme les masques ou les mouchoirs, les citoyens achètent d’autres dispositifs pour se protéger du coronavirus (comme les gants en plastique, les lingettes, le gel…). Quel est l’impact de ces déchets Covid sur l’environnement?
En réponse à la crise du Covid-19, qui n’en finit pas de s’éterniser, les hôpitaux, les établissements de santé, les entreprises…et même les particuliers dans les quatre coins du monde produisent plus de déchets dangereux liés à l’épidémie que d’habitude, y compris des gants, des masques, des blouses et d’autres équipements de protection qui pourraient être infectés par le virus.
Par ailleurs, les pratiques d’hygiène, la quarantaine et le confinement général ont entraîné une hausse du volume des déchets plastiques à usage unique qui polluent les rues, les plages, les mers et qui n’épargnent aucun endroit. Donc, du fait de la pandémie, le volume de déchets Covid et hospitaliers a augmenté de façon exponentielle, ce qui aura un impact sur l’environnement, la santé des humains, la vie des animaux et des plantes.
Lorsque ces déchets médicaux infectés ne sont pas gérés correctement, ils peuvent être soumis à un déversement incontrôlé, entraînant des risques pour la santé publique, surtout celle des agents responsables de la collecte des déchets. Mais le danger ne s’arrête pas là : une combustion à ciel ouvert ou une incinération incontrôlée de ces déchets pourrait conduire à la libération de toxines dans l’environnement et à une transmission secondaire de maladies à l’homme, et à tout être vivant, quel qu’il soit. Dans ce même cadre, il faut tirer la sonnette d’alarme et s’inquiéter de l’aggravation de la pollution fluviale et marine par ces déchets contaminés qui peuvent atteindre les sources d’eau.
Donc, dans ce contexte particulier, seule une bonne gestion de ces risques permet d’y faire face pour pouvoir protéger la santé humaine et l’environnement contre les produits chimiques et les déchets dangereux. D’où l’obligation et l’urgence de respecter les directives de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) sur le traitement des déchets infectieux et tranchants des établissements de santé.
Peut-on considérer ces déchets médicaux comme de véritables «bombes biologiques» à l’extérieur comme à l’intérieur des hôpitaux ?
Avec cette crise sanitaire qui perdure et qui ne cesse de s’aggraver de jour en jour, une telle question mérite d’être posée. Malheureusement, dans l’état actuel des choses, la pandémie commence à opérer des choix difficiles à court terme entre la santé et l’environnement ; aujourd’hui, pratiquement tous les pays du monde produisent des niveaux de déchets bien plus élevés et le plastique, par exemple, représente souvent plus de la moitié de tous les déchets médicaux. Ainsi, la surutilisation des plastiques à usage unique et une production accrue de déchets médicaux risquent de finir dans les océans. Dans ce cas, on parle de véritables bombes biologiques.
La Tunisie ne fait pas exception à la règle, avec notamment des moyens limités : à l’extérieur des hôpitaux, il y a certainement des établissements de soins qui sont débordés par la quantité de déchets médicaux liés au Covid-19. Ces déchets contaminés et très dangereux seront entassés dans des conteneurs aux alentours des organismes médicaux sans avoir subi le traitement et l’élimination vers les sociétés de traitement des déchets de soins. Nous sommes donc au même niveau de risque et tout le monde doit prendre ses responsabilités car les déchets médicaux sont de véritables bombes biologiques qui mettraient en péril toute la planète.
Qui se charge de ces déchets contaminés ?
Il faut le dire, nous sommes tous inquiets de la continuité de cette pandémie mais heureusement que les autorités concernées semblent avoir conscience du danger de ces déchets contaminés et de l’urgence de mettre en place une stratégie bien déterminée, qui regroupe un ensemble de pratiques permettant d’assurer une meilleure gestion de ces déchets. Il y a certainement des sociétés privées, agréées par le ministère des Affaires Locales et de l’Environnement qui sont capables d’assurer la gestion des déchets, d’une manière générale. Par contre, les organismes médicaux ne sont pas tous intégrés dans ce système comme c’est le cas pour les centres de dialyse, les laboratoires d’analyse…même dans ce contexte particulier. Donc, beaucoup reste à faire dans ce cadre-là et dans tous les cas, il faudra du temps pour traiter et enlever ces déchets contaminés, qui enregistrent une augmentation significative.
Est-ce qu’on a la capacité de gérer la quantité considérable de déchets contaminés ?
Les sociétés autorisées dans le secteur ont démontré pendant la première vague du Covid-19 qu’elles sont capables de gérer cette augmentation. Par contre, et pour avoir la capacité de gérer la quantité considérable des déchets Covid-19 durant cette deuxième vague, qui s’annonce déjà beaucoup plus brutale que la première, on doit tout d’abord penser à préparer un lieu de stockage approprié et décontaminé respectant les consignes d’entreposage.
Parmi les autres mesures envisagées par le ministère de la Santé pour faire face aux risques environnementaux à l’ère de l’épidémie, on cite, également, l’évaluation de la capacité des sites à mettre en œuvre le plan de lutte contre les infections et de gestion des déchets d’activité de soin à risque infectieux. Il faut aussi renforcer le contrôle du tri des déchets, pour ne pas contaminer les autres déchets, appliquer les consignes de sécurité et de prévention lors de la manipulation des stocks, disséminer les protocoles de santé et de sécurité au travail, procéder à la décontamination après chaque utilisation pour éviter et minimiser les risques d’infection, éliminer les déchets conformément aux procédures, faciliter le travail aux sociétés de traitement des déchets de soins…
Quelles mesures de protections pour maîtriser et éviter le risque de contamination chez les agents de la propreté, en l’absence d’un comportement civique?
A ce niveau-là, il faut souligner que la municipalité joue un rôle de premier plan pour assurer et garantir la sécurité ainsi que la protection des agents de la propreté. Pour ce faire, une série de mesures devrait être prise, appliquée et respectée par le personnel de la municipalité pour éviter tout risque de contamination.
Parmi ces mesures, je cite, tout d’abord, la formation continue du personnel pour les sensibiliser davantage au danger qui les menace, qui se propage rapidement et qui ne pardonne pas quand il nous atteint. Par ailleurs, le port des équipements de protection (comme les gants, masques, visière, tenue de travail…) est, également, une mesure barrière indispensable afin d’éviter la propagation du Covid-19. J’insiste aussi sur l’importance de la manipulation et du stockage des échantillons qui doivent être conformes aux protocoles du ministère de la Santé et aux directives de l’OMS portant sur les tests de laboratoire pour la maladie. Sur un autre plan, il faut donner la mission de la gestion des déchets (tri, transport et traitement) au sein des organismes médicaux à un seul responsable, et ce, afin d’aider à améliorer la gestion des déchets hospitaliers et éviter que ces derniers encombrent les rues et les égouts dans un futur proche.
Parmi les autres mesures qui me paraissent de nature à prévenir toute erreur à l’avenir, je cite l’obligation de procéder à la décontamination après chaque utilisation pour éviter et minimiser les risques d’infection et de propagation des pathogènes. Dans ce même cadre, il faut doter les lieux d’intervention d’installations de lavage des mains (avec du savon) ou de désinfection avec des solutions hydroalcooliques et des serviettes en papier avec des poubelles fermées. Finalement, et non pas les moindres, j’insiste sur l’importance de placer des panneaux de rappel et affichés sur ces lieux pour encourager les travailleurs à se laver régulièrement les mains et à ne pas se toucher le visage lorsqu’ils manipulent le matériel.
Selon certaines études internationales, la pandémie du Covid-19 a augmenté de 20% les déchets hospitaliers. Face à cette hausse, nos centres risquent-ils la saturation ?
Les sociétés de traitement assurent le transport quotidien des déchets de soins, tout type confondu. C’est pour cela que la saturation ne se fait pas dans les organismes médicaux mais plutôt chez les sociétés ou centres de traitement.
Donc, l’hypothèse d’un risque de saturation des centres de traitement des déchets ne peut pas être complètement exclue. D’où la nécessité d’assurer une gestion adaptée de ces déchets (solides et liquides), si on veut éviter de se retrouver devant une situation difficile. Cela nécessite un grand travail d’anticipation qui allie l’identification des moyens, la mise en place de normes efficaces ainsi que de nouvelles techniques pour une meilleure gestion des déchets…outre la volonté politique de les mettre en œuvre. Donc, c’est une question de gestion de risques, du changement…et de façon de faire.
Le prix du traitement des déchets liés au Covid-19 est-il plus élevé que celui des autres déchets infectieux ?
Les déchets de soins et les déchets liés à la Covid-19 sont mélangés et subissent le même traitement. Donc, le prix du traitement des déchets liés à cette pandémie n’est pas plus élevé que celui des autres déchets infectieux. Mais ce qui inquiète plus, c’est le coût du non traitement de ces déchets.
David Kacem
13 novembre 2020 à 13:50
Jeter les déchêts n’importe où et n’importe comment est devnu hériditaire. Tant que les enfants continuent à voir le mauvais comportement de leurs parents, la Tunisie reste une poubelle ouverte.
Habib
13 novembre 2020 à 16:31
Il nous raconte quoi ? Pour moi hélas il ferait mieux d’y retournée à ses études
Agatacriztiz
14 novembre 2020 à 09:32
Les experts, ils faut faire appel à eux pour anticiper les solutions, pas pour constater les dégâts…
À ce titre, tout le monde peut se proclamer expert…